AAC. Congrès SFHU, Mais où est passée l’histoire urbaine ?, Créteil, 27-28 mars 25

Appel à communications

Mais où est passée l’histoire urbaine ?

Mutations et usages dans la recherche actuelle

25ème congrès de la Société française d’histoire urbaine

A l’Université de Paris-Est Créteil (UPEC)

27 et 28 mars 2025

Mais où est passée l’histoire urbaine ? En posant cette (étrange) question pour le 25ème congrès et les 25 ans de la revue Histoire urbaine, nous entendons ouvrir la réflexion sur les évolutions récentes de ce champ. Nous partons d’un paradoxe. Depuis une vingtaine d’années, l’histoire urbaine n’a probablement jamais irrigué autant de travaux, apportant sa contribution, toutes périodes confondues, aux questions qui animent le débat public. Pourtant, si elle semble bien installée – les Rendez-vous de l’histoire de Blois 2024 n’ont-ils pas mis « la ville » à leur programme ? – elle ne s’affiche pas toujours explicitement comme telle, que ce soit dans les milieux académiques, l’édition ou les médias.

Ce congrès propose donc d’interroger la place et les mutations de l’histoire urbaine, que ce soit du point de vue de ses enjeux, de ses méthodes, de ses acteurs, de ses publics et de ses modes de diffusion. La réflexion pourra porter sur toutes les périodes et de tous les terrains, et provenir de disciplines distinctes. Des propositions émanant aussi bien de chercheuses et chercheurs, que de professionnelles et professionnels intégrant l’étude du passé des villes dans leurs pratiques sont attendues

Argumentaire ci-dessous.

Version en ligne : https://sfhu.hypotheses.org/10495

Les propositions de communication,en français, anglais ou espagnol, sont à envoyer avant le 31 octobre 2024 par courriel en fichier joint à : virginie.mathe@u-pec.fr et coudroy@u-pec.fr

Argumentaire complet

Mais où est passée l’histoire urbaine ? En posant cette (étrange) question pour le 25ème congrès et les 25 ans de la revue Histoire urbaine, nous entendons ouvrir la réflexion sur les évolutions récentes de ce champ. Nous partons d’un paradoxe. Depuis une vingtaine d’années, l’histoire urbaine n’a probablement jamais irrigué autant de travaux, apportant sa contribution, toutes périodes confondues, aux questions qui animent le débat public. Pourtant, si elle semble bien installée – les Rendez-vous de l’histoire de Blois 2024 n’ont-ils pas mis « la ville » à leur programme ? – elle ne s’affiche pas toujours explicitement comme telle, que ce soit dans les milieux académiques, l’édition ou les médias.

La question de la place de l’histoire urbaine est certes ancienne. Fondamentalement pluridisciplinaire et trans-périodes, ce domaine s’est structuré académiquement tardivement en France, au cours des années 1990-2000 à partir d’héritages variés et importants souvent issus des années 1960/70 (histoire économique et sociale, de l’art, de l’urbanisme et architecture, géographie urbaine, archéologie, toutes ces traditions étant prises en compte diversement Histoire de la France urbaine (1981-86) somme répondant aussi à l’Histoire de la France rurale…). La SFHU, créée en 1998, puis sa revue Histoire Urbaine, ont ainsi participé activement au réseau de l’European Association for Urban History (EAUH), elle-même créée en 1989 seulement. Cet essor a correspondu à une forte demande sociale, touchant notamment au patrimoine des villes et à l’attrait pour les métropoles dans la mondialisation. La définition même de son champ spécifique a été un des enjeux de la réflexion alors menée.

Près de 25 ans après, il nous semble bienvenu d’interroger les évolutions de ce domaine. Entre temps, d’autres champs académiques se sont fortement développés, comme l’histoire globale, environnementale, du genre, coloniale, animale… Les méthodes aussi se sont diversifiées et technicisées (archéologie, humanités numériques, SIG…), de même que la demande sociale et politique, l’accent étant mis notamment sur les questions environnementales/écologiques ou encore sur toutes les formes de domination socio-spatiale. Comment l’histoire urbaine prend-elle en compte ces nouvelles manières d’étudier le passé ? Comment celles et ceux qui « abordent le fait urbain dans son historicité » (selon les statuts de la SFHU) trouve-t-ils et elles aujourd’hui à répondre à ces enjeux, et à partager leurs résultats hors des cercles académiques ?

Ce congrès propose donc d’interroger la place et les mutations de l’histoire urbaine, que ce soit du point de vue de ses enjeux, de ses méthodes, de ses acteurs, de ses publics et de ses modes de diffusion. La réflexion pourra porter sur toutes les périodes et de tous les terrains, et provenir de disciplines distinctes. Des propositions émanant aussi bien de chercheuses et chercheurs, que de professionnelles et professionnels intégrant l’étude du passé des villes dans leurs pratiques sont attendues.

1-L’histoire urbaine est-elle devenue l’affaire de tous ?

Quelle place le fait urbain, de la préhistoire à nos jours, occupe-t-il dans le débat public et dans la culture de publics plus larges, voire de tout un chacun ? La question a d’autant plus d’importance que reviennent de manière forte les discours sur le rejet des grandes villes, mobilisant pêle-mêle les visions idéalisées et nostalgiques du passé des villes, autant que la promesse de futurs post-urbains.

Une première piste vise à envisager sa place dans l’enseignement. Comment l’histoire urbaine est-elle enseignée ? L’est-elle vraiment, et si oui, de quelle manière ? Des enquêtes sur l’espace quotidien des élèves les plus jeunes (type classes de découverte) aux formations pour les futurs professionnels de l’enseignement, du patrimoine, de l’histoire publique, de l’urbanisme…, la profondeur historique du propos varie, tout comme les dispositifs pédagogiques.

L’histoire urbaine a-t-elle trouvé sa place auprès d’un large public dans la médiation culturelle ? L’historicité affirme sa présence dans nos villes et leurs quartiers, très au-delà de l’activité au long cours des sociétés savantes locales. Les musées de ville, les expositions temporaires, parfois en extérieur, les parcours urbains valorisent et interrogent le passé local, présentent les découvertes archéologiques, célèbrent les événements marquants, marquent les anniversaires… et s’adressent autant aux habitants qu’aux touristes. La télévision consacre ses reportages et documentaires au passé des villes et de leurs sociétés ; les reconstitutions virtuelles bénéficient du travail des chercheurs. Il y a là autant d’opportunités saisies par les laboratoires et les universitaires. Comment ces univers se conjuguent-ils ?

Enfin, quelle place occupe l’histoire urbaine dans les politiques urbaines et l’urbanisme ? Si la dimension patrimoniale est devenue un élément à part entière de la planification, tout autant que de la fabrication de récits locaux, les usages de l’histoire urbaine ne s’y limitent nullement. Elles ne touchent plus seulement le cadre bâti et architectural ancien, les monuments remarquables ou espaces publics emblématiques, mais visent aussi la dimension mémorielle et immatérielle dont est porteuse la ville. L’habitat ordinaire, les infrastructures, les mobilités, les valeurs sociales et culturelles, les institutions et cadres politiques des villes sont ré-interrogés dans leur histoire longue ou courte. En témoignent les nombreux comités, missions ou services historiques et archéologiques auprès des collectivités et ministères. Les opérations dites de « renouvellement urbain », dans les grands ensembles ou ailleurs, sont ainsi souvent l’occasion de collectes mémorielles et orales, et les projets urbains suscitent des enquêtes historiques et des mises en récit du changement. Comment se lient les mémoires multiples de l’urbain ? Quelle place y jouent les historiens et les archéologues ?

2-Objets, méthodes et sources : quels fronts pionniers pour l’histoire urbaine ?

Comme on peut s’en rendre compte à la lecture des quelque 70 numéros de la revue Histoire urbaine, les questionnements et les méthodes des auteurs ont évolué. Le congrès proposera de revenir sur ces recompositions récentes et en cours.

L’histoire urbaine est-elle soluble dans les autres champs académiques ? A titre d’illustration, alors que le début des années 2000 était marqué par la parution de manuels et ouvrages de synthèse d’histoire urbaine qui – certes avec leurs limites – intégraient l’environnement, l’heure est aujourd’hui à la parution de manuels d’histoire environnementale qui intègrent l’urbain. L’histoire urbaine a tiré largement parti de ces dialogues : saisir la ville par l’environnement, le genre, le sport, le fait colonial, le sensible – pour citer seulement quelques thématiques – a invité et invite à reformuler les questions de recherche. Mais inversement, dans quelle mesure le thème de l’urbain a-t-il contribué et contribue-t-il à enrichir et renouveler les autres domaines de l’histoire ?

L’histoire urbaine s’est aussi transformée à partir de nouvelles méthodes et techniques. Les vingt-cinq dernières années ont été marquées notamment par la montée en puissance des outils numériques. Quelles transformations ceux-ci ont-ils apportées à notre manière de comprendre et de rendre compte des villes du passé ? La visualisation des données, à l’œuvre par exemple dans les SIG, ou la cartographie numérique, qui servent un objectif de restitution, se présente aussi comme une voie heuristique féconde. L’accès aux archives urbaines et leur étude ont également été facilités et enrichis par divers projets d’humanités numériques. Quelles voies ouvrent ces nouvelles manières de documenter et mettre en récit le passé des villes ? Au-delà du numérique, quelles sources et quelles méthodes ont renouvelé le domaine depuis le début du siècle ?

3-En-deçà et au-delà de la ville. Quelles échelles pour l’histoire urbaine ?

Lors de sa création, en 1998, la SFHU s’inscrivait dans un mouvement de forte internationalisation de la recherche, dont témoignait l’institutionnalisation des congrès de l’EAUH. Si l’histoire urbaine n’avait jamais été totalement enfermée dans des frontières nationales, cette ouverture d’une tout autre ampleur est venue transformer les échelles du travail des historiens et historiennes de la ville.

L’internationalisation de la recherche dans ce domaine a d’abord été nourrie par une mutation des questionnements. L’essor des études transnationales dans les années 2000, puis globales dans les années 2010, a contribué à recomposer les approches du fait urbain. À une micro-histoire urbaine à l’échelle par exemple de l’îlot ou de l’immeuble saisis sur quelques décennies, initiée dans les années 1980-1990 par des chercheurs nourris par l’histoire sociale, répond aujourd’hui une approche qui tend à saisir les sociétés urbaines dans la longue durée et dans leurs connexions à de vastes réseaux. L’attention portée au passé des villes de tous les continents constitue aussi une des voies de questionnement des spécificités du phénomène urbain et des éventuelles particularités de ses actualisations.

Une autre manière de concevoir les échelles de l’histoire urbaine consiste à interroger la réalité du travail de recherche du domaine dans son mouvement d’intégration internationale. Les objets, la bibliographie, le montage concret des financements et la constitution des équipes et réseaux ainsi que les projets éditoriaux, se pensent à une échelle qui dépasse le cadre national. Se pose ici notamment la question de la rencontre entre des pratiques et des traditions historiographiques différentes. Comment s’articule la large diffusion de paradigmes tels que l’histoire globale, environnementale, du genre etc., avec l’héritage de traditions nationales ou régionales anciennes, dont témoignent l’existence d’associations (SFHU, Associazione Italiana di Storia Urbana, Asociación Iberomanericana de Historia Urbana, The Urban History Association …) et de centres de recherches en histoire urbaine (Leicester, Anvers, Darmstadt, Francfort, Berlin, Madrid, Turin, Venise…etc) ?

Contacts

Les propositions de communication, en français, anglais ou espagnol, sont à envoyer avant le 31 octobre 2024 par courriel en fichier joint à : virginie.mathe@u-pec.fr et coudroy@u-pec.fr

Elles comporteront un titre et un résumé d’environ 1500 à 3000 signes, de même que les coordonnées de l’intervenant.e (nom, prénom, fonction et rattachement institutionnel, courriel, numéro de téléphone).

Les collègues retenu.e.s pour le congrès seront invité.e.s à préparer une communication écrite pour faciliter un projet de publication.

Comité d’organisation

Julien ALDHUY, maître de conférences en urbanisme, EUP-UPEC

Laurent COUDROY de LILLE, maître de conférences en urbanisme, EUP-UPEC

Cédric FERIEL, maître de conférences en histoire contemporaine, Université Rennes 2

Virginie MATHÉ, maîtresse de conférences en histoire ancienne, UPEC

Jennifer VANZ, maîtresse de conférences en histoire médiévale, UPEC

Comité scientifique

Jérôme BAZIN, maître de conférences en histoire contemporaine, UPEC

Sabine BOGNON, maîtresse de conférences en urbanisme, EUP-UPEC

Florence BOURILLON, professeure émérite en histoire contemporaine, UPEC.

Boris BOVE, professeur en histoire médiévale, Université de Rouen

Laurence BUCHHOLZER-REMY, maîtresse de conférences en histoire médiévale, Université Strasbourg II

Claire CARRIOU, professeure en urbanisme, EUP-UPEC

Youri CARBONNIER, professeur en histoire moderne, Université d’Artois

Natacha COQUERY, professeure en histoire moderne, Université Lyon 2

Maylis DESROUSSEAUX, maîtresse de conférences en urbanisme, EUP-UPEC.

Jean ESTEBANEZ, maître de conférences en géographie, UPEC.

Jean-Pierre GUILHEMBET, professeur en histoire romaine, Université Paris-Cité

Laurence JEAN-MARIE, maîtresse de conférences en histoire médiévale, Université de Caen

Denis MENJOT, professeur émérite en histoire médiévale, Université Lyon 2

Frédéric MORET, professeur en histoire contemporaine, Université Gustave Eiffel

Clément ORILLARD, maître de conférences en urbanisme, EUP-UPEC

Arnaud PASSALACQUA, professeur en urbanisme, EUP-UPEC

Jean-Luc PINOL, professeur émérite en histoire contemporaine, ENS Lyon.

Judith RAINHORN, professeure en histoire contemporaine, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Olivier RATOUIS, professeur en urbanisme, Université Paris-Ouest Nanterre

Matthieu SCHERMAN, maître de conférences en histoire médiévale, Université Gustave Eiffel

Sylvain SCHOONBAERT, chef de projet en urbanisme, Bordeaux-Métropole

Mélanie TRAVERSIER, professeure en histoire moderne, Université de Lille

Elodie VIGOUROUX, professeure junior à l’Université Lyon 2.

Charlotte VORMS, maîtresse de conférences en histoire contemporaine-HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne