LA SFHU signale la parution de :
Urbicides
Destruction et renaissances urbaines du XVIe siècle à nos jours
Sous la direction de Philippe Chassaigne, Christophe Lastécouères et Caroline Le Mao
La notion d’urbicide appartient au vocabulaire classique des chercheurs qui s’intéressent à toutes les formes de destruction urbaine, au point de nourrir désormais tout un pan des disaster studies. Mais le fait que plusieurs disciplines en revendiquent la paternité montre qu’il faut continuer à la discuter ; c’est l’ambition de ce livre.
Qu’est-ce que la mise à mort d’une ville ? Si la guerre est une caractéristique sui generis de l’urbicide, elle ne saurait recouvrir entièrement la notion. L’urbicide est en effet emblématique du rapport affectif que les sociétés urbaines nouent autour de leur ville, quand les violences infligées à la ville, à son architecture, à sa population et à sa culture menacent l’urbanité au point de se muer en catastrophe urbaine.
L’urbicide existe alors autant en temps de guerre qu’en temps de paix, autant dans les faits que dans les récits et les images. Ceux-ci expriment tout à la fois une perte et la nécessité de la réparer afin de construire une mémoire de la catastrophe. La renaissance urbaine coïncide toujours avec l’urbicide, qui met en lumière la résilience des sociétés et la vigueur des territoires mutilés. Toutes ces questions sont au cœur de ce livre collectif de près de trente auteurs issus de formations différentes (architecture et urbanisme, histoire et histoire de l’art, géographie, droit, sociologie) mais acquis à l’idée que les logiques de l’urbicide ne peuvent apparaître sans profondeur historique ni dialogue interdisciplinaire.
Sommaire
Destruction, abandon ou anéantissement des villes ? L’urbicide, une approche heuristique des violences faites à la ville, Christophe Lastécouères, 13
Partie I – Villes, guerres et urbicides
Thérouanne, exemple de ville détruite, puis abandonnée, Pierre Pinon, 23
Cromwell en Irlande : les massacres de Drogheda et de Wexford (septembre-octobre 1649), Jean-Pierre Poussou, 29
Châteaudun (18 octobre 1870) et Maillé (25 août 1944) : guérilla et logique d’extermination, Thierry Vivier, 37
Faire face aux bombes et à l’occupant dans une ville « assassinée » : récits de Lensois (octobre 1914-avril 1917), Magali Domain, 51
L’urbicide comme dommages collatéraux : les bombardements alliés sur la France, 1940-1945, Andrew Knapp, 63
La prise de Bouaké en 2002, un cas d’urbicide en terre ivoirienne, Tanoh Raphaël Bekoin, 79
The law of war and destruction of cities in the early modern times: the emergence of initial protective norms, Miran Marelja, 89
Partie II – Des villes qui meurent, des villes mutilées ? Autres figures de l’urbicide
Les villes fantômes de l’Ouest canadien (vers 1880-vers 1980) Philippe Chassaigne, 101
De la « bataille des Marolles » à la « bataille de Paris » : quand l’urbicide réveille l’histoire de l’architecture et ses sources Nina Mansion-Prud’homme, 111
Marginalisation et remodelage urbain en contexte de crise. Les contours d’un urbicide(in)volontaire à Yaoundé, Salifou Ndam, Daniel Georges Nana Komey et Caroline Tchio Amagnouba, 125
Ghazaouet : un centre-ville en déclin. Le bâti français est en voie d’extinction, Halima Saâdia Ouadah et Nadir Boumechra, 135
La casbah d’Alger, une non-assistance à ville en danger, Nadir Djermoune, 143
Patrimoine thermal en péril. Les Eaux-Bonnes au bord de la noyade ?, Viviane Delpech, 153
Partie III – Mémoires et images de l’urbicide
Urbicides en images dans le contexte des révoltes françaises des xvie et xviie siècles, Tiphaine Gaumy, 169
Mettre en intrigue la destruction urbaine : le cas de la « désolation du Palatinat », Émilie Dosquet, 183
« Canudos n’existe plus ! » Histoire et mémoire d’un urbicide dans le sertão brésilien (1896-1897), Sébastien Rozeaux, 197
Ce qu’on entend sous la forêt. Les différentes formes d’urbicide et le rapport entre territoire et mémoire dans le cadre du conflit israélo-palestinien, Clarisse Genton, 211
Partie IV – Reconstruire ? Après l’urbicide
Dieppe 1694 : ruine et renaissance, Viviane Manase, 225
1713 : la fin de Dunkerque ? Jeux des acteurs et stratégie résiliente d’une ville confrontée à l’urbicide, Sébastien Martin, 237
Le centre-ville est mort, vive le centre-ville ! Création, destruction et réinvention dans le centre-ville de Detroit, Conrad Kickert, 251
Urbicide et reconstruction : les voies divergentes de Minsk et Varsovie, Fabien Bellat, 265
Une mission patrimoniale impossible. La reconstruction du quartier d’Intramuros à Manille (1945 à nos jours), Xavier Huetz de Lemps, 279
Bangui, de l’héritage d’un paysage urbain symptomatique à la reconstruction d’une vision positive d’un territoire partagé, Halimatou Mama Awal et Lamine Ousmane Cassé, 291
Séisme 2016 et Amatrice : au-delà des représentations sensationnalistes, la recherche-action militante, Francesca Sabatini, 301
Conclusion, Caroline Le Mao, 311
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Cédric Feriel (11 mai 2021). Publication : Ph. Chassaigne, Chr. Lastécouères, C. Le Mao (dir.), Urbicides. Destruction et renaissances urbaines du XVIe s à nos jours. Histoire Urbaine. Consulté le 8 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/u4sk